Depuis ce matin, 13 activistes de Greenpeace USA sont suspendus à un pont de Portland (Oregon), pour empêcher le départ du Fennica, un brise-glace affrété par Shell, vers l’océan Arctique où la compagnie doit effectuer des forages pétroliers. Les courageux grimpeurs sont toujours en place et disposent d’assez de vivres pour tenir plusieurs jours.
Une contestation venue de plusieurs fronts
Le Fennica est censé rejoindre les deux autres plateformes de la flotte pétrolière de Shell (le Kulluk et le Polar Pioneer), partis de Seattle il y a quelques semaines. Les habitants de la région s’étaient alors mobilisés en masse, organisant des manifestations de kayaks sur l’eau. Les Premières Nations se sont également opposées à la course folle de Shell vers l’or noir de l’Arctique. Partout dans le monde, les citoyen-nes se sont levés pour dire #ShellNo !
Mais les militants écologistes ne sont pas les seuls à s’inquiéter des projets dangereux pour le climat de la compagnie pétrolière. En mai dernier, lors de l’Assemblée générale de Shell, les actionnaires ont voté à 98,9 % en faveur d’une résolution lui demandant d’adopter une stratégie bas carbone. Une coalition de sénateurs américains a aussi demandé l’interdiction des forages en Arctique. L’administration Obama a malgré tout donné le feu vert à Shell.
Une flotte « rafistolée »
Températures glaciales, conditions climatiques extrêmes et éloignement géographique constituent de sérieux obstacles aux opérations de forage et de dépollution dans les eaux glacées de l’Arctique. D’autant plus lorsque le matériel utilisé est défectueux.
Or le navire de forage de Shell, le Kulluk, s’était échoué sur les côtes de l’Alaska lors de la dernière campagne de Shell dans la région. Et si le Fennica a pris du retard sur la route de la mer des Tchouktches, c’est parce qu’il a dû retourner à Portland pour subir d’importantes réparations et colmater une entaille d’un mètre de long dans sa coque.
Le Fennica transporte du matériel de secours clé en cas de marée noire… Mais Shell a refusé de rendre public l’audit de sécurité de sa flotte, commandé par le gouvernement américain suite aux déboires des campagnes précédentes. Qu’ont-ils donc à cacher ?
Un bien mauvais signal avant la COP21
Si dans les discours publics de son PDG, Shell affirme se soucier du climat, un document interne révélé il y a quelques semaines par la presse anglaise nous apprend que l’entreprise nie la possibilité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C. C’est pourtant le seuil d’augmentation des températures à ne pas dépasser si l’on veut empêcher un emballement catastrophique du climat. Et l’accord sur le climat de la COP21, qui sera conclu à Paris en décembre, devra justement prévoir toutes les garanties pour rester le plus loin possible de la barre des 2°C. Exploiter le pétrole de l’Arctique va à l’encontre de cet l’objectif.
D’après une étude d’évaluation d’impact menée par le gouvernement américain lui-même, les probabilités pour qu’au moins une marée noire importante se produise en Arctique sont de 75%…. Il est toujours temps pour le président Obama de retirer les permis de forage octroyés à Shell, de se montrer à la hauteur des enjeux climatiques et d’éviter qu’une marée noire ne se produise sous son mandat, à quelques mois de la Conférence internationale sur le climat….
Le Fennica est pour l’instant bloqué à quai ; il a même fait demi-tour jeudi 30 juillet 2015. Les militants sont en place et déterminés et la lutte se poursuit. Suivez leur action en direct sur le compte Twitter de Greenpeace USA.
Mise à jour : les grimpeurs et les kayaktivistes se sont brutalement fait déloger par la police au matin du vendredi 31 juillet 2015, au milieu d’une foule nombreuse venue les supporter. Le Fennica a donc reprit sa route dans l’urgence, pressée de s’éloigner des citoyens engagés pour sauver l’Arctique. Malgré tout, le combat prend de l’ampleur et Greenpeace reste mobilisé, pacifique, toujours.
Vous aussi, devenez Défenseur de l’Arctique.
