Le gouvernement a publié jeudi dernier les feuilles de route précisant les gra

Climat

Conférence environnementale, feuilles de route écolos, et maintenant ?

Le gouvernement a publié jeudi dernier les feuilles de route précisant les grandes orientations et les annonces faites par le Président de la République et le Premier Ministre lors de la récente Conférence environnementale. L’occasion de faire le point…
L’opération verte de la rentrée a été reçue par un concert de louanges… Le gouvernement aurait donné « un cap » très écologiste assorti de nombreuses « annonces » volontaristes.


Le 15 novembre 2011, lors de la signature de l’accord électorale entre le PS et EELV, Greenpeace bloquait la rue de Solférino. Photo : Nicolas Chauveau. Greenpeace

Mais le résultat de ces deux journées de concertation est-il aussi exceptionnel qu’ont bien voulu le faire croire bon nombre de médias, le gouvernement, et ses alliés ? Retour sur une conférence somme toute « normale »

A craindre le pire, on n’est jamais déçu

Il faut commencer par rappeler que le candidat Hollande a fait campagne sans parler « environnement » ou presque… que les signaux lancés depuis l’élection étaient pour la plupart négatifs, et que la cacophonie (orchestrée ou involontaire ?) ambiante sur les schistes ou le nucléaire ont entretenu une sorte de suspense. Les écologistes redoutaient tellement le pire, et l’on partait de tellement bas, que le ton offensif et le chapelet d’annonces concrètes, précises et détaillées de François Hollande puis de Jean-Marc Ayrault ont pu apparaître révolutionnaires…

… Mais qu’en est-il réellement ?
Greenpeace a choisi de décortiquer quelques unes de ces annonces, détaillées dans les feuilles de route (voir la note de décryptage).
Oui, les deux têtes de l’exécutif ont tenu un vrai discours écologiste, affiché par leurs mots un volontarisme certain, et fixé un cap. Mais un « discours ambitieux ne fait pas une politique » et ces annonces ne font pas une « révolution ». La transition écologique et énergétique est loin d’être acquise… Quelques exemples…
Sur Fessenheim et sur le nucléaire : il est vrai que l’annonce d’une fermeture de centrale, l’ouverture d’un débat sur l’énergie, la volonté de réduire la part du nucléaire dans un pays comme la France, sont une première dans un pays où la place du nucléaire ne peut être débattue et la question énergétique est confisquée par quelques lobbies… mais François Hollande n’a rien dit de plus à la Conférence environnementale que pendant sa campagne électorale : il n’a fait que confirmer la fermeture de Fessenheim, tout laissant EDF effectuer de coûteux travaux au lieu de décider l’arrêt immédiat et une fermeture rapide. Et son équation pour réduire la part du nucléaire en France ne tient toujours pas.
Sur les schistes, à y regarder de plus près, le gouvernement a simplement annoncé qu’il allait faire respecter la loi votée par l’UMP en 2011… rien de plus…et qu’il ne rouvrirait pas en grand la porte aux hydrocarbures de schiste. On souffle… mais jusqu’à quand ?
Sur les agrocarburants, l’annonce du Premier Ministre est en deçà des ambitions européennes et ménage les intérêts des lobbies des agrocarburants en France…dont ceux d’un certain Xavier Beulin, patron de la FNSEA.

Bref, l’essentiel des discours s’est nourri de mesures initiées par la précédente majorité, émanant de directives européennes, d’engagements encore vagues et de confirmations de promesses de campagne… Mais la série de chiffres, d’objectifs et de mesures, annoncés sur un ton volontariste, associée à la technicité des dossiers, ont permis au gouvernement de réussir son opération de communication « verte ». Et pour l’heure, tout reste à faire…
Enfin, il est bon de rappeler qu’au-delà des annonces, certains sujets ont été totalement occultés : la table-ronde sur la biodiversité a fait l’impasse sur les impacts de la pêche ou de l’agriculture. Ce silence en dit long sur les priorités de ce gouvernement en matière de biodiversité …

On attend de voir maintenant ce qui va concrètement sortir de cette conférence, particulièrement le fameux débat sur l’énergie qui doit débuter en novembre pour aboutir en juin de l’année prochaine à la loi de programmation énergétique française. Greenpeace participera à ce débat tout en restant vigilante à ne pas succomber à l’euphorie qui risque d’entourer chaque mot prononcé par les membres du gouvernement.