Un excellent calcul dans la perspective de la COP21 de Paris ... Mais à trop vouloir endosser un costume de héros international du climat, on pourrait craindre que François Hollande ne perde de vue le territoire français.

Climat

Des citoyens changent le modèle énergétique pour ne pas changer le climat !

Un excellent calcul dans la perspective de la COP21 de Paris ... Mais à trop vouloir endosser un costume de héros international du climat, on pourrait craindre que François Hollande ne perde de vue le territoire français.

Le président de la République, François Hollande, est en déplacement aux Philippines.
Une visite d’État placée – entre autres – sous le signe de l’urgence climatique, les Philippines subissant déjà de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques. François Hollande poursuit son opération séduction environnementale entamée en novembre 2014, en cherchant à affirmer sa stature de « champion du climat » à l’international.

Rappelons alors au président de la République qu’en France, il y a des dossiers climatiques et énergétiques très intéressants en ce moment même !

Le premier le concerne très directement :

La « loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte », reflet direct des promesses présidentielles en matière de transition énergétique et des consensus âprement discutés lors du débat national semble être bien mal partie. Le Sénat s’éloigne de manière significative du projet et des promesses du président de la République… dont certaines datent d’il y a trois ans ! (lire notre article Le Sénat fait de la transition énergétique un objet du passé)

Le second devrait normalement beaucoup l’intéresser :

Alors que les politiques déconstruisent la transition énergétique … certains la font sur le terrain ! La transition énergétique n’est pas un « projet », c’est une réalité … Nous avons donc rassemblé ici quelques exemples de territoires et de citoyens déjà en transition, avec la volonté de changer le système, pas le climat !

(c) Greenpeace / Pierre Baelen

À Béganne : l’éolien citoyen

On dit souvent de la Bretagne qu’elle est « en terminaison du réseau électrique » et particulièrement exposée au risque de « panne générale« …
Bienvenue à Béganne, entre Ille-et-Vilaine et Morbihan. Là, un collectif de 1000 citoyens s’est mobilisé pour créer un parc de quatre éoliennes répondant à la consommation électrique de 8 000 foyers (hors chauffage), soit l’équivalent de la consommation des habitants du canton, inauguré en juin 2014. Ce projet, désormais opérationnel, a été réalisé à hauteur d’un territoire, financé pour partie par les habitants eux-mêmes, qui ont apporté 2,8 millions d’euros.

En savoir plus sur Béganne : le projet sur le site d’éolien citoyen

En Loire-Atlantique aussi, on construit l’avenir

Les habitants des communes de Guenrouët et Sévérac, en Loire Atlantique, ont marché dans les pas des Bégannais ils ont décidé de se lancer dans le financement et la construction d’un parc éolien de quatre machines (quatre éoliennes de 2,05 MW qui totaliseront une production d’électricité de 18 000 MWh par an). Comment ? En se rassemblant ! 700 citoyens réunis ont fait appel à des souscripteurs via la société coopérative Energie partagée . Et pourquoi ? Pour un projet de transition énergétique à échelle locale, avec l’implication de tous les citoyens et des retombées économiques et sociales pour le territoire.

Le chantier avance, pour le suivre : le blog de IsacWatts, la société qui porte le projet

(c) Greenpeace / Pierre Baelen

Il n’y a pas que le vent…

A Colmar, c’est le soleil qui offre son énergie, dans un projet de coopération transfrontalier entre une coopérative énergétique française et une coopérative allemande. L’objectif ? Aménager quatre nouvelles installations photovoltaïques de 100 kWc, soit 2 600 m2 de panneaux sur les toits de bâtiments industriels de Colmar, et produire 430 MWh/an, soit la consommation de 172 foyers.

Pour en savoir plus (et participer ?), voir le projet « Zusamme! » (ensemble)

Ou encore en Auvergne

L’idée du projet d’Yssingeaux, c’est un circuit court de chauffage, à la fois écologique et économique. La ressource est locale, sous forme de bois déchiqueté ou de bois d’éclaircie, et les utilisateurs sont également locaux : les bâtiments collectifs tels que les écoles, gymnases, centres de vacances, maisons de retraite et même les églises. Le « Modul’R », c’est un dispositif clé-en-main, comprenant une mini-chaudière et un silo de stockage de bois pour les bâtiments municipaux, qui produit 2 500 MWh/an soit la consommation de 1000 foyers… Un chauffage issu de résidus de bois, pas de l’exploitation du bois !

Pour en savoir plus sur le projet Modul’R

Ces quelques exemples sont évocateurs, mais surtout, ce ne sont que quelques exemples !

Les citoyens et les territoires sont déjà en train de faire la transition vers un autre modèle énergétique ! En France, plus qu’ailleurs, le système énergétique est extrêmement centralisé, avec un réseau uniformisé qui ne tient pas compte des ressources locales. La France est l’un des pays d’Europe les plus gâtés en termes d’énergies renouvelables (vent, cours d’eau, ensoleillement) … Des ressources que l’État ne semble pas voir, mais que les citoyens et les collectivités locales ont déjà commencé à exploiter car les énergies renouvelables sont des énergies sûres, fiables, rentables, créatrices d’emplois locaux.

Souhaitons que ces exemples de la « vraie vie », du terrain, bref, du réel, inspirent à François Hollande l’envie de maintenir ses exigences et ses promesses de campagne pour la loi de transition énergétique !

Besoin de plus d’exemples ? D’autres exemples ? Jetez un œil au site d’Énergie Partagée ou sur le celui du réseau des territoires à énergie positive (TEPOS) ou encore à Energy Cities, réseau européen des autorités locales en transition énergétique