Mise à jour du 4 mai :  violences policières et lourdes peines

Le 2 mai au

Climat

EPR de Flamanville : Greenpeace bloque le chantier

Mise à jour du 4 mai : violences policières et lourdes peines

Le 2 mai au soir, les premiers activistes de Greenpeace ayant participé au blocage du chantier EPR de Flamanville sont sortis de garde à vue.
Avec un bilan plus qu’inquiétant : au moins quatre d’entre eux ont subi des violences de la part des forces de l’ordre au moment où ils ont été délogés : un militant a reçu deux décharges de Taser, trois autres ont été frappés et en portent les traces (œil au beurre noir, dent ébréchée). Alors que la gendarmerie déclarait aux journalistes que l’évacuation s’était déroulée sans incident, Greenpeace est inquiète et dénonce la violence témoignée par les « forces de l’ordre ». Deux des activistes ont portés plainte pour violence policière.

42 personnes ont été placées en garde à vue. 26 d’entre eux sont convoquées le 16 juin pour une audience au tribunal correctionnel de Cherbourg où ils comparaîtront pour entrave à l’exercice de la liberté du travail et opposition à l’exécution de travaux publics. Les 16 autres ont été présentés devant le procureur de Cherbourg le 3 mai à midi. D’ici à leur audience devant le tribunal correctionnel, programmée le 16 juin prochain, le Parquet leur impose une caution de 1 000 euros chacun, une interdiction de territoire sur la région de Basse-Normandie et un contrôle judiciaire hebdomadaire pour les militants français.
Le procureur de la République instrumentalise le contrôle judiciaire en mettant en place une peine avant le jugement. En 2007, pour les mêmes faits, le dossier avait été classé sans suite. Cette différence de traitement est le signe d’une volonté d’intimider les citoyens qui osent contester l’énergie nucléaire et d’étouffer tout débat sur ce sujet.

14h : Greenpeace impose de fait le moratoire sur l’EPR demandé à Nicolas Sarkozy
Les activistes enchaînés aux grilles et les camions qui bloquaient l’entrée du chantier EPR de Flamanville (Manche) ont été délogés en fin de matinée. Mais, à 14h, les grimpeurs de Greenpeace occupent toujours trois grues, empêchant toute reprise des travaux. Les ouvriers ont tous été renvoyés chez eux. Greenpeace applique donc de fait l’arrêt du chantier EPR qu’elle demande à EDF, à l’Autorité de sûreté nucléaire et au gouvernement français.

Invitée à 13h à l’Elysée, avec d’autres ONG, par Nicolas Sarkozy, Greenpeace en a profité pour délivrer ce message directement au président de la République. Depuis le début de la catastrophe de Fukushima, et en particulier la semaine dernière, celui-ci s’est distingué par de scandaleuses déclarations, jouant les VRP du nucléaire à la française et tentant de couper court au débat sur l’énergie et le nucléaire qui semble enfin trouver un écho dans l’opinion publique française. Morceaux choisis : « la France ne peut se couper un bras » en sacrifiant le nucléaire ou « il n’y a aucune raison de remettre en cause la part du nucléaire » en France… Et c’est dans ce contexte que le président de la République a même osé proposer aux ONG présentes un « Grenelle de l’énergie » !

Cette proposition est bien entendu inacceptable aujourd’hui pour Greenpeace, qui estime que les conditions préalables à un débat serein, bien informé, contradictoire et démocratique font malheureusement défaut :
– la suspension immédiate de tous les projets nucléaires français, en France et à l’étranger : arrêt du chantier de Flamanville, annulation du projet de Penly, abandon des négociations avec l’Inde (deux EPR prévus sur une faille sismique), l’Afrique du sud, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ;
– la garantie d’un accès à une information objective et contradictoire sur l’énergie nucléaire – les risques, les coûts, son impact sur les émissions de gaz à effet de serre, son rôle en termes d’indépendance énergétique, etc. – grâce notamment à la levée du « secret défense » et du secret commercial ;
– le retrait immédiat d’Areva des projets en Bulgarie (Bélené) et au Brésil (Angra) ;
– une décision gouvernementale immédiate de sortie progressive du nucléaire.

Par ailleurs, il y a quatre ans, Greenpeace a, avec d’autres organisations, fortement contribué à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement et participé activement à ce débat inédit. Les multiples renoncements et voltes-faces effectuées depuis par Nicolas Sarkozy et son gouvernement valent aujourd’hui comme une motion de défiance sur leur capacité à organiser un débat serein et contradictoire et à intégrer ensuite ses conclusions dans le champ politique et institutionnel…

Début de l’action, dès 3h30 ce matin…
A l’aube, une cinquantaine d’activistes de Greenpeace ont entamé le blocage du chantier EPR de Flamanville. Le lieu est complètement occupé par une partie des activistes :
– deux camions ancrés dans le sol bloquent les grilles d’entrée du chantier ;
– des activistes empêchent trois des grues du chantier de fonctionner, la reprise des travaux est impossible.


© Nicolas Chauveau / Greenpeace

« La situation japonaise impose une remise en question du nucléaire et la première des choses à faire est d’arrêter de construire de nouveaux réacteurs, déclare Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace. L’EPR en particulier pose des problèmes de sûreté que l’ASN a pointés du doigt il y a quelques semaines. L’autorité de sûreté doit prendre ses responsabilités et faire immédiatement appliquer un moratoire sur ce chantier. »

Peu après le début de la catastrophe de Fukushima, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste, décrivait quatre failles importantes de sécurité en relation directe avec la situation au Japon. De ce fait, l’ASN « envisage » de mettre en place un moratoire sur la construction de ce nouveau réacteur en France.

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Le nucléaire sûr n’existe pas, les politiques doivent l’admettre et agir
« EPR » : EDF et le gouvernement français répètent ces trois lettres à toutes les interrogations sur la sûreté nucléaire. Aucun réacteur de ce type n’est actuellement en fonctionnement. Deux chantiers sont en cours en Europe, l’un en Finlande, l’autre en France à Flamanville (Manche). Sur ces deux chantiers, et particulièrement en France, s’accumulent retards, surcoûts et problèmes de sûreté.

Brief de Greenpeace sur le chantier de Flamanville

« Il est temps de passer à autre chose. Mis à part l’UMP, qui refuse tout débat et maintient un soutien indéfectible et aveugle au nucléaire, les partis politiques n’ont pas de position claire sur le sujet, reprend Sophia Majnoni. La France est aujourd’hui à la croisée des chemins. Et les partis d’opposition doivent montrer aux Français qu’ils tirent les conséquences de Fukushima en demandant l’arrêt immédiat des projets de nouveaux réacteurs, dont l’EPR de Flamanville. »