Climat

Greenpeace au chevet du Golfe du Mexique et à l’assaut des projets fous des pétroliers

Voilà une semaine que la fuite provoquant la marée noire dans le golfe du Mexique a officiellement été stoppée. Mais les conséquences réelles de la catastrophe restent encore en grande partie inconnues. L’absence totale de réaction des pétroliers, des politiques face à l’évidence des risques que nous font courir les pétroles non conventionnels et le « tout pétrole » est scandaleuse. C’est pourquoi Greenpeace mobilise deux de ses trois navires.
Pendant trois mois, l’Arctic Sunrise va servir de base aux recherches de scientifiques américains sur les impacts de la marée noire et des dispersants chimiques sur la vie marine et sous-marine du golfe. Parallèlement, l’Esperanza a quitté Londres hier pour une destination encore inconnue, bien décidé à aller dénoncer les pires projets de forages très profonds.

L’Arctic Sunrise : connaître le vrai coût environnemental de cette marée noire
L’Arctic Sunrise est parti de St. Petersburg en Floride avant-hier pour sillonner l’archipel des Keys et le parc national des îles Dry Tortugas. Il approchera ensuite de la funeste plateforme Deepwater Horizon avant la fin du mois, examinant l’état du plancton, du corail, etc.
A titre d’exemple, des chercheurs de l’Université de Nova Southeastern en Floride, de l’Université de Tulane en Louisiane seront à bord pour étudier par exemple les éponges en tant que bio-indicateurs : elles filtrent de grandes quantités d’eau et sont donc très utiles pour constater l’impact toxique du pétrole et des dispersants. Ils étudieront aussi le plancton dans les environs de la plateforme Deepwater Horizon afin d’évaluer les impacts sur les larves de crabe bleu, de thon rouge, de daurade et d’autres espèces. Ils seront rejoints dès le mois de septembre par d’autres équipes de scientifiques.

Une marée noire au bilan déjà catastrophique et encore provisoire
Les dernières estimations (779 millions de litres déversés le long de 700 km de côtes américaines – Texas, Louisiane, Alabama, Floride) font de la fuite dans le golfe du Mexique le pire déversement de pétrole accidentel de toute l’histoire. A titre de comparaison, les traces de l’Exxon Valdez (déversement plus de 15 fois moindre) sont encore visibles 20 ans après. L’expérience montre que dans le cas d’une marée noire, on retire rarement plus de 10 % du pétrole de l’environnement. Le restant coule au fond de l’océan ou est ingéré par les animaux qui meurent ou développent des maladies. Le pétrole de BP restera dans l’écosystème pendant plusieurs décennies, avec de graves conséquences sur l’ensemble de la chaîne alimentaire du golfe du Mexique et des bayous de Louisiane, zone de reproduction de nombreux poissons, oiseaux, tortues et animaux marins.

L’Esperanza : contre les forages très profonds, pour une nouvelle politique énergétique
Les compagnies pétrolières ont une vision de très court terme, cherchant toujours à forer plus loin, plus cher, plus risqué, alors que l’évolution vers les énergies vertes est inévitable. Selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, pour limiter la hausse des températures sous la barre des 2°C, nous ne devons pas bruler plus du quart des réserves prouvées (réserves extractibles dans les conditions techniques et économiques actuelles) en fossiles (pétrole, gaz et charbon) d’ici à 2050.

Les demandes de Greenpeace :
– Sortir des projets pétroliers à hauts risques : off-shore profond, sables bitumineux, forage sous l’Arctique… et sortir progressivement des fossiles d’ici à 2050.
– Réduire la demande en pétrole, notamment dans le secteur des transports.
– Développer les énergies renouvelables et les économies d’énergies.