« Mon copain était inscrit depuis longtemps sur le site de Spencer Tunick (on

Climat

 » Montrer physiquement notre engagement  » : le récit d’une participante à l’installation de Spencer Tunick

« Mon copain était inscrit depuis longtemps sur le site de Spencer Tunick (on a fait des études d’art tous les deux), donc on a trouvé que lier art et message environnemental, c’était une super idée, d’autant plus que le travail de cet artiste est intéressant, plastiquement parlant. L’idée de tenter cette expérience pour Greenpeace et pour dénoncer le réchauffement climatique nous a motivés à nous déshabiller complètement, chose que nous n’avions jamais faite devant autant de monde !

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© Pierre Gleizes / Greenpeace

Le week-end s’est très bien passé : super temps, très bonne ambiance, bonne organisation. Nous sommes arrivés sur place le samedi matin, dans notre voiture où nous avions pris en covoiturage trois bénévoles de Greenpeace. On s’est fait tout de suite embaucher pour donner un coup de main (au transport et à l’accueil). Les participants ont commencé à arriver vers 11h30. Le temps que tout le monde se serve à boire, à manger, s’installe sur le site réservé aux participants…. Spencer Tunick est arrivé. Un de ses assistants nous a expliqué comment tout allait se dérouler, puis Spencer nous a fait une présentation et Pascal Husting, le directeur exécutif de Greenpeace, a fait un discours en rappelant bien l’enjeu, à quelques mois de Copenhague, de cette installation artistique et militante.

Après : tous à poil ! Aucun moment de flottement, certains naturistes professionnels étaient déjà nus pendant le discours de Pascal, ce qui donnait le ton de la journée. Pour moi qui ne suis pas habituée à me mettre nue devant autant de gens, je n’ai eu aucun souci : ça m’a semblé complètement logique et en accord avec mon engagement dans l’association. Je savais exactement la raison pour laquelle nous faisions cela et ça m’a paru facile et même agréable (vu qu’il faisait bien chaud).
Après un peu de marche (tout nu), on nous a dirigé dans les routes de vignes, chacun une bouteille vide à la main. Il y a eu un peu de flottement car, apparemment, Spencer a voulu modifier la mise en place et déplacer autant de figurants (pieds nus dans les routes de vignes pleines de pierres et de chardons…) demandait beaucoup de temps et d’effort de la part des bénévoles de Greenpeace qui nous encadraient.

L’ambiance entre les participants était très détendue, on discutait tous entre nous, il y avait pas mal de plaisanteries à faire (et qui ont été faites) sur notre nudité collective, sur les poses… Je pense que le fait d’être nus a, étrangement, rapproché les gens. On parlait tous entre nous beaucoup plus facilement que si nous avions été habillés.

Après ce premier shooting, on nous a déplacés vers une autre parcelle pour une deuxième installation (sans bouteille). Nous avons également attendu (un peu moins longtemps), puis Spencer du haut de sa nacelle nous a donné ses directives : « Don’t move ! Don’t smile ! » (« Ne bougez pas, ne souriez pas ! ») étaient les principaux mots d’ordre de la journée.
Il faisait très chaud et nous commencions tous à être fatigués, à avoir soif et, seul petit bémol sur l’organisation, aucun ravitaillement n’avait été prévu dans les vignes pendant les poses, ce qui a rendu les deux séances un peu difficiles.

Ensuite, Spencer a divisé les figurants en deux groupes : les hommes et les femmes. Nous (les filles) sommes reparties vers le lieu d’accueil pour une dégustation de vin, pour nous détendre un peu… Pendant ce temps-là, les garçons posaient (d’après  mon informateur, ils ont dû se rouler dans la terre, un verre vide à la main). Lorsque les garçons sont revenus (après une acclamation générale de la part des filles devant ces corps nus qui défilaient devant nous (les rôles étaient pour une fois inversés !)), nous, les filles, sommes allées dans une prairie pour une nouvelle séance avant que le soleil ne soit trop bas. On nous a réparties des grappes de raisins que nous devions porter, pour la première séance, sous le menton. Ensuite, nous avons dû nous allonger sur le sol. Les assistants de Spencer et les bénévoles de Greenpeace nous ont balancé du raisin. Il y a eu une dernière prise de vue où toutes les filles étaient allongées les unes sur les autres, dans des positions pas du tout confortables (crampes, raisin écrasé, herbes et insectes fort désagréables), mais Spencer avait l’air satisfait du résultat.
Même pendant cette pose qui n’était pas agréable, les rapports entre les filles étaient très cool. Les directives de Spencer étaient bien relayées, l’organisation était parfaite. Ensuite, Spencer a proposé aux personnes intéressées de revenir le lendemain pour une autre séance, dans un lieu différent et nous sommes toutes rentrés sur le lieu d’accueil pour nous rhabiller.

Je suis extrêmement contente et fière d’avoir participé à cette évènement. Tout s’est très bien déroulé. Les gens avec qui j’ai discuté étaient très contents de participer à cet évènement pour Greenpeace. Beaucoup trouvaient qu’allier les deux côtés, artistique et militant, était très adapté et motivant. Personne ne regrettait son engagement et l’ambiance était tellement bonne que même les poses, l’attente et le manque d’eau ont rapidement été oubliés.

Je pense que cet évènement, au-delà de la qualité des photos, aura un impact positif important pour Greenpeace. Les médias étaient très nombreux pendant les poses et de nombreux journaux télé et papiers ont déjà parlé de cette action qui renoue avec le côté « peace » de Greenpeace et donne une bonne image à l’association. Cela permet aussi de parler de l’importance de notre campagne pour le climat. A quelques semaines du sommet de Copenhague, nous étions plus de 700 personnes dirigées par Spencer pour montrer physiquement notre engagement auprès de Greenpeace dans la lutte contre le réchauffement climatique et je pense que le résultat sera à la hauteur de notre mobilisation ».