Si je devais retenir une chose de Lima, c’est qu’il ne faut plus attendre l’aboutissement des négociations pour accomplir la transition énergétique dont nous avons besoin pour rester en dessous d’une augmentation de la température de deux degrés.

Climat

La planète COP

Si je devais retenir une chose de Lima, c’est qu’il ne faut plus attendre l’aboutissement des négociations pour accomplir la transition énergétique dont nous avons besoin pour rester en dessous d’une augmentation de la température de deux degrés.

Le droit international et les accords intergouvernementaux sont essentiels mais ils n’arriveront pas à temps. Il faut agir tout de suite, sortir des énergies fossiles et bâtir un avenir fait de 100% d’énergies renouvelables. Nous le savions avant de venir, mais Lima l’a confirmé.

La COP, ce sont deux mondes parallèles

Celui des négociateurs, enfermés dans des salles obscures pendant des jours et des nuits, s’acharnant à modifier des textes pour les faire coller au mieux à leurs attentes. A Lima, cette bulle se situait au Pentagonito, une ancienne enceinte militaire où étaient réunis plus de 8000 personnes.

Marche des Peuples © Christian Rinke-Lazo / Greenpeace

Mais dès qu’on quitte la conférence, on retrouve le vrai monde, celui des habitants de Lima et des mouvements de mobilisation.

Les associations passent d’un univers à l’autre en permanence. Elles sont dehors et dedans. Des équipes politiques, qui font partie de ce groupe appelé « observateurs » au cœur des négociations, pour analyser, commenter et faire des propositions aux délégations officielles. Et des équipes en-dehors, avec la société civile et les citoyens.

Ce fut le cas lors de la grande marche organisée dans les rues de Lima, mercredi 10 décembre. D’après les associations péruviennes, c’était le plus grand rassemblement survenu à Lima depuis plusieurs années. Difficile d’évaluer les forces en présence, mais les médias ont évoqué la présence de 10,000 personnes. Nous nous sommes joints à ce mouvement avec les autres associations environnementales, des organisations de défense des droits humains, des syndicats et des communautés locales. Les mots d’ordre variaient mais tous se rejoignaient sur la nécessité de passer à l’action. Je n’ai vu aucune banderole s’adressant aux responsables politiques présents à la COP, signe que la majorité a compris que l’issue du combat contre le dérèglement climatique n’est plus entre leurs mains. Aucun « Sauvez-nous » ni « Messieurs les dirigeants, nous comptons sur vous ». La plupart des participants n’avaient que faire de l’accord qui était en train d’être discuté à quelques kilomètres de là.

Au Pérou, des communautés locales souffrent déjà des conséquences du dérèglement climatique et de grandes périodes de sécheresse notamment. Pour elles, la COP n’est qu’une opportunité pour témoigner et rappeler l’urgence d’agir. Ce sont ces populations qui défilaient en tête de cortège pour demander un avenir où l’être humain et l’environnement seraient en paix.

La COP, c’est aussi sa clôture et l’adoption d’un texte. Pendant deux jours, à Lima, les négociateurs ont fait des va-et-vient, repartant discuter d’un paragraphe pendant des heures. La présidence péruvienne a vu et revu les délégations qui posaient problème pour parvenir à un compromis. Et comme tout compromis, le résultat n’est pas satisfaisant. Il n’y avait pas grand-chose à attendre de la COP à Lima, elle devait simplement poser les bases d’un accord qui serait signé à Paris dans un an. Mais même ça, les participants n’y sont pas totalement parvenus.

Tant pis. Les personnes qui marchaient dans Lima n’en attendaient rien, elles ne sont donc pas déçues. Elles savent que l’important est la mobilisation de tous, citoyens, communautés, entreprises, collectivités locales.

Hier à Lima, demain à Paris

La France assure désormais la présidence jusqu’à la clôture de la conférence à Paris, en décembre 2015. Le gouvernement français dispose d’une petite année pour montrer l’exemple. Pour nous, cela passe avant tout par une politique énergétique nationale ambitieuse. Un engagement bien plus fort pour le développement des énergies renouvelables. Et pour y parvenir, il faut amorcer tout de suite une sortie du nucléaire qui bloque cette transition.

A plusieurs reprises nous avons entendu dire que le problème pour Paris serait la météo. Il fera forcément plus froid que les 24° de Lima. « Encore que, avec le réchauffement climatique, on ne sait jamais« . Cette blague, détestée par tous ceux qui suivent les questions climatiques tant ils l’ont entendue, c’est Laurent Fabius qui aime à la raconter. Il lui reste un an pour convaincre que son ambition va bien au-delà de la météo parisienne.


Pour revivre la COP20 de Lima, le storify de la Coalition Climat 21 est ici