Aujourd’hui, Bruxelles accueille en grande pompe un sommet international sur l’énergie nucléaire co-organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Premier ministre belge. Cet événement fait suite au projet insensé annoncé lors de la COP28 de tripler la production nucléaire dans le monde d’ici 2050. Une réunion internationale entre adeptes de l’atome totalement déconnectée de la réalité et de l’urgence climatique.

Énergies - Nucléaire

« Nouveau nucléaire » : le conte de fées de la relance

Aujourd’hui, Bruxelles accueille en grande pompe un sommet international sur l’énergie nucléaire co-organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Premier ministre belge. Cet événement fait suite au projet insensé annoncé lors de la COP28 de tripler la production nucléaire dans le monde d’ici 2050. Une réunion internationale entre adeptes de l’atome totalement déconnectée de la réalité et de l’urgence climatique.

La grande assemblée des illusions nucléaires

Ce sommet du nucléaire co-présidé par le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, et le Premier ministre belge, Alexander De Croo, est censé marquer l’histoire. L’événement ambitionne de réconcilier énergie nucléaire et besoins croissants en électricité faible en carbone. Mais derrière les paillettes de cette grand-messe se dessine une toute autre histoire, celle d’un coup de communication pour donner l’impression que la relance du nucléaire est en marche. L’énergie nucléaire comme présentée par quelques dirigeants obstinés, dont Emmanuel Macron, est un mirage dangereux, coûteux et inefficace.

Le nucléaire est trop lent

Pour tripler les capacités nucléaires mondiales, il faudrait mettre en service plus de 70 grands réacteurs par an, année après année, entre 2040 et 2050. Or, 21 réacteurs ont été mis en service dans le monde au cours des trois dernières années. Le nucléaire est donc bien trop lent à être déployé pour être d’une quelconque utilité dans la bataille contre le changement climatique. Tripler les capacités nucléaires mondiales, c’est tout simplement inimaginable, sauf dans un conte de fées.

Une quarantaine d’organisations sont présentes pour dénoncer la relance du nucléaire à Bruxelles. © Eric de Mildt / Greenpeace

Le gouvernement prétend vouloir utiliser le « nouveau nucléaire » pour agir face à la crise climatique. Mais le calcul n’est pas bon : pour respecter les engagements de l’Accord de Paris et contribuer à limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C, la France doit diviser par deux ses émissions brutes actuelles d’ici à 2030. Or, il faut dix à quinze ans pour construire un réacteur nucléaire. Le dernier réacteur en construction en France, à Flamanville, accuse déjà presque douze ans de retard, avec des coûts multipliés par au moins six. Nous devons agir maintenant, pas dans dix ans.

Le nucléaire est trop cher

Selon notre dernier rapport, le premier programme du « nouveau nucléaire » en France pourrait coûter plus de cent milliards d’euros pour la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires qui ne verraient pas le jour assez vite pour jouer un rôle dans la transition énergétique. Les nouveaux réacteurs risquent de siphonner des fonds colossaux, gaspillés au nom de l’illusion atomique. C’est autant d’argent qui ne servira pas à une transition énergétique soutenable et équitable, aussi essentielle qu’urgente. Pourtant, les objectifs sont très clairs – réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre dans cette décennie – et les solutions concrètes : il faut investir de toute urgence dans des mesures de sobriété et d’efficacité énergétiques, et dans le développement des énergies renouvelables. Et non pas fantasmer sur une hypothétique relance du nucléaire, qui ferait la fierté de la France selon Gabriel Attal.

Oui aux fées, non à l’illusion nucléaire

Pour s’opposer à l’illusion nucléaire véhiculée par une poignée de puissant·es, une quarantaine d’organisations du mouvement climat et antinucléaire international se sont donné rendez-vous devant l’Atomium à Bruxelles. Elles ont lu la déclaration pour « Une énergie sûre, abordable et respectueuse du climat pour toutes et tous », signée par plus de 600 organisations, dénonçant l’illusion d’un soi-disant renouveau nucléaire dont la seule caractéristique d’être « bas carbone » effacerait tout autre inconvénient comme par magie.

Des activistes de Greenpeace France bloquent les accès au sommet international du nucléaire à Bruxelles, dénonçant l’illusion de la relance nucléaire.
© Guillaume Chauvin/Greenpeace

Alors que le lobby du nucléaire tente de se déguiser en sauveur du climat, les militant·es ont revêtu des costumes de fées, licornes et autres farfadets afin de dénoncer cette mascarade, de sensibiliser sur les risques, les coûts exorbitants et les retards chroniques des chantiers associés au nucléaire. Cette mobilisation diverse et intergénérationnelle, aux airs de carnaval, vise à démontrer que les seules solutions résident ailleurs, dans la sobriété, le transport public, l’isolation des logements ou encore les énergies renouvelables.

Greenpeace France a perturbé le Sommet de l’énergie nucléaire : des activistes de France, d’Italie, d’Allemagne et de Belgique ont bloqué différents points d’accès avec des voitures et s’y sont enchaînés pour retarder la tenue du Sommet. D’autres ont grimpé sur la galerie sud avec une banderole « nuclear fairy tale » ainsi que sur le bâtiment du sommet, perturbant la prise de parole d’Emmanuel Macron prise de parole d’Emmanuel Macron..

Une autre vision de société

Au-delà de la manifestation, cette action pointe du doigt l’industrie nucléaire, particulièrement influente au sein de l’Union européenne, et promue par l’AIEA. Si celle-ci essaie par tous les moyens de se draper dans les atours de la durabilité, nous dénonçons la vraie diversion climatique qu’elle orchestre. Greenpeace et les organisations du mouvement climat à travers le monde vont continuer à dénoncer le sabotage climatique organisé par l’Alliance nucléaire, l’opacité de la filière du nucléaire, à stopper l’action des dirigeant·es politiques et économiques qui n’œuvrent pas pour l’intérêt général, et à agir pour faire émerger des sociétés soutenables et justes.

Greenpeace activists disrupt a pro-nuclear summit in Brussels.

Devant le sommet, des activistes dénoncent la « poudre aux yeux » du nucléaire.
© Lorraine Turci / Greenpeace

Face à un mythe nucléaire écrasant qui avance en dehors des débats publics dans un déni de démocratie qui pèse sur les populations, Greenpeace s’oppose et refuse de voir nos sociétés condamnées à subir les conséquences de politiques énergétiques inconscientes qui freinent l’action climatique.

Le conte de fées technologique du nucléaire doit cesser. Le gouvernement doit se réveiller et prendre acte de l’impasse du « nouveau nucléaire ».